Estonie: renforcer la sécurité des revenus des chômeurs et retraités
L’Estonie, déjà mise à mal par la crise mondiale, est confrontée au grave problème de la pauvreté croissante des chômeurs et des retraités. Les pouvoirs publics du pays doivent de toute urgence trouver les moyens de les empêcher de sombrer dans le dénuement, selon une nouvelle étude de l’OCDE.
Dans OECD Review of Labour Market and Social Policies - Estonia, l’Organisation précise que plus de 60 % des chômeurs et plus de 40 % des retraités vivent dans la pauvreté, d’après l’indicateur standard de l’OCDE qui correspond aux personnes gagnant 60 % du revenu national médian.
Pour l’heure, l’Estonie n’a guère de marge pour gonfler les prestations sociales, mais il lui faudra s’atteler en priorité aux besoins des chômeurs et des personnes âgées dès lors que la reprise sera amorcée.
« Une croissance économique durable passe par l’instauration d’une société juste et équitable pour tous », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Lorsque l’économie se redressera, le gouvernement devra faire tout son possible pour venir en aide aux plus défavorisés. »
Le marché du travail estonien s’est durement ressenti de la crise économique : le taux de chômage s’est envolé, passant d’un point historiquement bas de 4.2 % au premier trimestre 2008 à 15.5 % au quatrième trimestre 2009, contre 8.7 % en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Les réformes introduites l’an dernier sur le marché du travail ont remédié à certains problèmes structurels, mais le service public de l’emploi souffre encore de plusieurs lacunes qui l’empêchent d’apporter une assistance efficace aux personnes en recherche d’emploi. Des mesures d’activation plus performantes s’imposent afin d’éviter que les nouveaux chômeurs perdent tout contact avec le marché du travail.
Dans son étude, l’OCDE précise qu’à l’issue de la phase de ralentissement de l’activité, le gouvernement devra soit réintroduire les réformes annulées en 2009, soit élaborer un nouveau programme de réformes.
Parmi ses recommandations, l’OCDE incite l’Estonie à :
• assouplir les critères d’attribution des prestations de l’assurance-chômage et relever sensiblement l’allocation de chômage ;
• améliorer le service public de l’emploi, ainsi que ses mesures d’activation, grâce notamment au conseil à l’emploi et à une meilleure adéquation entre les offres et les demandes d'emploi, tout en développant la formation ;
• alourdir les sanctions applicables en cas de violation du droit du travail afin de favoriser le respect de la législation ;
• augmenter la retraite minimum et la part fixe des pensions du 1er palier, ainsi que la décote en cas de départ en retraite anticipé afin de compenser le surcoût en résultant pour le système de retraite.
La faculté de l’Estonie à combler son retard sur les grandes économies de l’OCDE dépendra dans une large mesure de l’efficience avec laquelle elle redéploiera ses ressources humaines vers des emplois plus qualifiés et plus productifs. Sa capacité à améliorer l’adéquation des compétences acquises dans le système d’enseignement et à travers les dispositifs d’apprentissage tout au long de la vie avec les impératifs de l’économie sera déterminante à cet égard.
Ce rapport est le premier à être présenté depuis que l’invitation faite à l’Estonie à rejoindre l’OCDE a été rendue publique le 10 mai 2010 (OCDE.org)